Au Gaec de la Bos, le chauffage et l’eau chaude nécessaires au bureau de la ferme, à la salle de traite, à une habitation, et bientôt deux, sont fournis gratuitement par treize kilomètres de haies.
« Je considère les haies comme une culture : elles doivent nous rémunérer pour qu’on puisse en prendre soin durablement. » Éleveur laitier au Gaec de la Bos à Landivy en Mayenne, Stéphane Lorin compte treize kilomètres de haies sur 175 hectares. « Nous faisions autrefois du bois bûche pour la cheminée ou la vente : c’est un travail fastidieux. En découvrant l’activité bois déchiqueté de la Scic Mayenne Bois Énergie, j’ai pensé : Pourquoi pas nous ? » Profitant de la rénovation de sa maison en 2009, il remplace sa chaudière au fioul par une chaudière au bois. Celle-ci couvre le chauffage du domicile et du bureau de la ferme, ainsi que l’eau chaude sanitaire et pour le nettoyage de la salle de traite. Les agriculteurs remplacent ainsi 2 500 litres de fioul par an par le bois de leurs haies. En 2023, ils acquièrent une chaudière plus performante consommant 20 % de bois en moins, et qui alimentera bientôt une seconde habitation en chauffage et eau chaude.
500 mètres de haies récoltés par an
Au fil du temps, la CUMA CEPVIL, réalisant la prestation de taille et de déchiquetage, s’est équipée. « Aujourd’hui, le travail restant à notre charge consiste à fignoler la taille et à écarter les clôtures à un mètre des haies pour pouvoir tondre l’herbe et les ronces dessous, explique Stéphane Lorin. Cela représente environ dix jours de travail pour une personne. Il faut trouver ce temps mais je ne le vois pas comme une contrainte. » Seuls 500 mètres de haies sur les treize kilomètres de la ferme sont récoltés chaque année. Cela couvre les besoins des agriculteurs ; le surplus étant vendu à Mayenne Bois Énergie. Ces ventes paient la prestation de la Cuma et le travail des agriculteurs, ce qui signifie que l’énergie pour le chauffage et l’eau chaude n’est plus une charge. « De plus, en 2025, le bonus haie de la Pac passe de sept à vingt euros par hectare, souligne Stéphane Lorin. À condition d’avoir au moins 6 % de sa surface en haies et de mettre en place de bonnes pratiques de gestion. » Depuis 2020, c’est chose faite au Gaec de la Bos qui bénéficie du Label Haies ; d’où par exemple la tonte sous les clôtures en bord de haies plutôt qu’un désherbant.
Selon l’éleveur, la Mayenne est aujourd’hui « un département en avance avec une dynamique de groupe » sur le sujet bois énergie. « Il est important de visiter des installations car le matériel a évolué et permet aujourd’hui une très bonne valorisation, conseille-t-il. Et mieux vaut se renseigner d’abord auprès de la chambre d’Agriculture ou la fédération des Cuma avant de rencontrer les vendeurs de chaudières. »
Publié le 14/09/2025 à 15h00 sur Ouest France
