La campagne est plus vivante avec des arbres

François Brizard élève des vaches allaitantes limousines à Javron-les-Chapelles. Il cultive de l'herbe et une quarantaine d'hectares de cultures annuelles. François est également trésorier de la cuma de l'Aisne et administrateur de la Scic Mayenne Bois Energie. Sur son parcellaire de 170 ha, le linéaire de haies représente environ 20 km.

François Brizard

Quel regard portez-vous sur le métier d’agriculteur ?

Je me considère comme un jardinier du territoire, en étant conscient de la responsabilité que je peux avoir, en tant qu’agriculteur, sur la préservation de mon environnement naturel. Au regard des aspirations de la société, et si on veut vivre en harmonie avec nos voisins, nous devons respecter la nature. Et puis la campagne est quand même plus vivante avec des arbres !

Que représente la haie bocagère pour vous ?

Déjà, visuellement, la haie constitue une limite de parcelle. Elle s’avère être une aide considérable pour la clôture des pâturages. Ensuite c’est un abri contre la pluie, le vent ou le soleil pour le cheptel, ainsi qu’un refuge pour insectes et animaux. Enfin, dans mon cas, c’est une production de bois énergie.

Justement, quelle utilisation faites-vous de ce bois que vous produisez ?

Je me sers du bois pour mon chauffage personnel, car je me chauffe avec un poêle à bois bûches. Dans ma famille, on s’est toujours chauffés au bois, que ce soit avec un insert ou un poêle. Je ne sais pas que c’est que de se faire livrer du fioul, par exemple. Cet hiver, pour la première fois, j’ai fait déchiqueter 120 m3 pour faire de la litière animale pour les génisses. Et puis, je vends également du bois déchiqueté à la Scic Mayenne Bois Energie.

Depuis quand livrez-vous du bois à la SCIC et combien par an ?

Je livre à la Scic depuis sept ou huit ans environ, 180 m3 par an en moyenne. Par rapport au temps passé, je trouve que c’est plutôt rémunérateur. De toute façon, l’entretien des haies est quelque chose qui doit être fait, donc autant que cela soit bénéfique. Pour moi, la haie n’est plus une contrainte. J’ai intégré son entretien dans mon temps de travail.

Vous êtes engagé dans le Label Haie, qu’est-ce-que cela vous apporte dans vos pratiques?

J’ai effectivement fait partie du groupe de travail pour la mise en place du label Haie. Avec ce label, j’ai amélioré mes pratiques. Par exemple, comme je fais abattre le bois par un grappin couper sur pelleteuse, je reprends systématiquement chaque coupe à la tronçonneuse, afin de faciliter la repousse. Autre exemple, je respecte scrupuleusement les distances vis-à-vis de la haie pour mes clôtures, chose que je ne faisais pas systématiquement auparavant. En plus, cette bande d’herbe laissée entre la clôture et la haie favorise les auxiliaires de culture. Au final, toutes ces pratiques sont vertueuses, que ce soit pour la haie ou pour mes cultures.

UNE FORMATION SUR L’ENTRETIEN DES HAIES BOCAGERES

Assurer une gestion durable de la haie bocagère demande beaucoup d’attention et de savoir-faire. Plusieurs matériels existent pour le bon entretien de la haie. Encore faut-il bien les utiliser et employer le bon outil au bon endroit. Partant de ce constat, la FDCUMA proposera cet automne, en partenariat avec le Conseil départemental et la SCIC Mayenne Bois Energie, une formation à destination de toute personne amenée à manipuler du matériel d’entretien de la haie (agriculteurs, salariés de cuma ou d’entreprises de travaux agricoles, agents publics, etc.), afin que chacun puisse améliorer ses pratiques à son niveau.

Propos recueillis par Olivier Benoit

Entraid’ n°443 – Juin 2021

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